balade matinale... [ouvert]

Je t'emmène ?

Elle découvrit des longues dents que jusque là
je n'avais pas encore remarqué. Après réflexion,
je pu dire que ce n'étaient pas des dents, mais
des crocs.

Je n'eus pas le temps de répondre, qu'elle m'emmena
dans les airs. Elle battait des ailes à la perfection,
son vol était fluide...

Bizarre pour quelqu'un qui n'avait jamais volé de sa vie.

D'en haut, malgré un faible vertige, le temps s'arretait,
et, tous les problèmes semblaient s'être envolés. J'apercevais
les arbres du parc, son kiosque, et la grande fontaine ou des
enfants trempaient des bateaux téléguidés.

Heu... On va où, en fait ?

Décidément ces derniers temps, le surnaturel m'entourait,
et se n'était pas pour me déplaire...

Alors que je commençai à battre des ailes, l'air tourbillonna autour de
moi comme si il était vivant, et, lorsque je m'élevai d'un coup, je me pris à dire que
c'était vrai.
Je fléchis mes appuis, serrais mon fardeau contre mon cœur et d'une détente dont
j'ignorais être capable je me propulsais vers le ciel parsemé d'étoiles et la Lune
blanche qui me tendais ses bras.

Je m'envolai avec la sérénité d'un rêve et la puissance de la nuit.

Une fine silhouette aux ailes sombres se fondant dans le ciel nocturne porte une
seconde silhouette contre son cœur. Elles se fondent dans la nuit...

Soudain, un oiseau de proie s'approcha, volant sur le même courant thermique,
battant des ailes au même rythme que la jeune femme...
Tous les deux des chasseurs, tous les deux des prédateur, aucun n'avait de grief
contre l'autre puisqu'aucune proie n'était en vue. Un instant aussi suspendu que
les plus hauts arpèges d'un instrument à corde se déroula et un échange aussi
intemporel que fugace se fit entre l'humaine – non ! Il fallait qu'elle arrête de se
considérer comme humaine ! elle était beaucoup moins et en même temps
beaucoup plus que cela – et l'oiseau... qui poussa un cri stridulé avant de virer sur
une aile et de plonger d'un mouvement fluide dans l'écrin d'obscurité qu'était
devenu la terre tandis que le ciel s'était illuminé, éclairé par une lune ronde
magnifique et des écharpes de brumes qui voletaient par-ci par-là, dissimulant les
étoiles pour mieux faire rejaillir leur beauté lorsqu'ils s'écarteront...

-Heu... On va où, en fait ?

Je baissai les yeux vers la forme blottie dans mes bras. Elle semblait si
innocente... Je pris la parole d'une voix dont j'essayai de cacher la noirceur et lui
sourit d'un sourire dont j'essayai de cacher les crocs :

-Je mentirais si je disais que je le savais.

Je me tu, que dire de plus ? J'avais peut être été inélégante en lui "proposant"
cette balade céleste... C'est vrai, que savais-je d'elle ? N'allait-elle pas me
dénoncer aux autorités locales ? C'est ce que tout citoyen aurait fait...

-Tu n'as pas peur ?

Même en le guettant, elle aurait sans doutes été incapable de déceler l'émotion de
peur qui timbra ma voix.